LE WING CHUN ET RIEN QUE LE WING CHUN… OUI MAIS !

Comme je le dis souvent en début de saison aux débutants qui s’inscrivent à nos cours, je suis ici pour vous apprendre le Wing Chun et seulement le Wing Chun. Bien évidement en disant cela, je fais une erreur ! Celle de croire que vous comprenez le fond de ma pensée sans avoir besoin de m’expliquer 😊

Voilà une petite explication afin que cela soit plus clair.

Lorsque j’ai commencé les arts martiaux, mon temps de pratique a évolué assez rapidement passant de 4h par semaine à 8h, lorsque j’ai commencé les compétitions.

Puis cela a pris de plus en place de place dans mon planning quotidien pour arriver à une moyenne de 32h d’entrainement par semaine. Bien entendu j’étais en équipe de France à ce moment-là : je cumulais les cours dans plusieurs clubs avec les entrainements avec l’équipe de France, ainsi que les entrainements persos seul ou avec des amis. Bon, je vous rassure les arts martiaux étant une passion, je ne voyais pas ces heures passées comme une galère mais comme un plaisir incommensurable, et le plaisir rend les choses plus faciles à faire on le sait bien.

Dans toutes ces heures à pratiquer le Wu Shu (qui signifie arts martiaux), il était facile d’intégrer à ma pratique mes formes de compétition et tout ce qui va avec, comme le cardio pour l’endurance ainsi que l’explosivité, la souplesse pour l’équilibre et le tonus musculaire, la musculation pour le renforcement, et de pratiquer le sanda, ainsi que le Wing Chun, etc.

Et oui, ce qui est bien avec beaucoup de temps, c’est que l’on peut faire plein de choses et notamment toute la partie concernant le travail physique et physiologique.

Bien évidemment l’arrêt des compétitions et la vie ont fait que ces 32h ont diminué, et aujourd’hui je suis à une moyenne de 10-12h par semaine en comptant les cours que je donne, ce qui fait réellement seulement 3-4h d’entrainement perso.

Alors pourquoi avoir étalé toutes ces statistiques, tout simplement pour vous montrer que le haut niveau de compétitions demande un investissement incroyable afin de pouvoir rivaliser avec d’autres compétiteurs. Vous allez me dire, oui c’est évident, mais nous on n’est pas compétiteur, alors pourquoi cette explication ?

Et bien si vous n’êtes pas compétiteur, vous êtes pourtant dans une école d’arts martiaux, et pas n’importe lequel, vous avez choisi le Wing Chun qui est par essence un art de self défense. Cela veut dire que quelque part au fond de vous, vous acceptez (ou embrassez !) l’idée que le combat est une possibilité, voire même pour certains vous aimeriez peut être aller en compétition un jour, juste pour voir.

Et bien je vous le dis tout de suite, dans un cas comme dans l’autre, venir aux cours ne suffira pas ! Que ce soit pour vous défendre en cas d’agression ou que ce soit dans un cadre sportif, il va falloir aller plus loin.

Les cours durent 1h30 dans ma section. 1h30 qui doivent inclure une phase d’échauffement, qui est déjà réduite au strict minimum. Ce qui laisse entre 1h05 et 1h15 par cours pour vous aider à intégrer les concepts, la technique, et la philosophie du Wing Chun. Soit au total un maximum de 2h30 de réel entrainement par semaine pour vous amener, après pas mal d’années d’assiduité, à un niveau de compréhension physique et intellectuel digne de ce nom.

Je fais une petite parenthèse, qui devrait vous montrer à quel point tout cela n’est pas grand-chose : vous voyez sans doute depuis plusieurs années toute la campagne publicitaire qui est menée pour nous rappeler qu’avoir une activité physique modérée est indispensable à une bonne santé. On ne parle pas ici de devenir un athlète, mais juste d’avoir un corps dans un état de fonctionnement à peu près correct. Cette activité recommandée, c’est au choix 10000 pas par jour, ou bien 30 minutes d’entrainement modéré 2 à 3 fois par semaine, sans oublier de prendre des escaliers au lieu de l’ascenseur de temps en temps, etc… Donc, nos cours collectifs, au mieux, c’est le minimum syndical pour se maintenir dans un état de santé correct.

En comparaison, les pratiquants de MMA notamment, vont investir très peu de temps sur la technique, et énormément de temps sur le foncier. Les cours se construisent sur 2-3 coups de poings différents, travaillés sans relâche cours après cours, et pareil pour les techniques de pied. A côté de cela, ils enchainent pompes, muscu, corde à sauter, endurance… Et il faut le dire, vu qu’il n’y a pas besoin que le prof soit toujours le même, généralement ils peuvent très bien avoir des sessions de cours tous les jours s’ils le souhaitent. Vous imaginez bien qu’au bout de 2 ou 3 ans, ils sont de très très loin meilleurs que vous dans une confrontation physique.

Personnellement, déjà à l’époque de mes 32 heures par semaine je considérais que ce n’était pas assez au regard d’athlètes venant de pays où la pratique martiale est professionnelle : eux pratiquaient 8h par jour sans avoir besoin de cumuler une autre activité rémunératrice encore en plus.

Alors revenons à notre sujet. Si vous souhaitez devenir un bon combattant, ou vous défendre correctement, il va falloir bien entendu apprendre l’ensemble des idées, concepts et techniques du système Wing Chun, assimiler le tout intellectuellement et physiquement, mais le combat demande aussi d’avoir un physique digne de ce nom, ce qui veut dire qu’il faudra travailler de multiples axes : cardio, résistance mentale et physique, etc.

Alors comme je vous l’ai dit, aujourd’hui je n’arrive pas à dégager plus que 3 ou 4 heures par semaine pour mon entrainement personnel. Et bien ces quelques heures me servent à essayer de maintenir l’ensemble de ma pratique à un niveau tout juste suffisant. D’autant plus que comme vous je pense, je ne peux pas me permettre de faire de longues sessions. Alors ces 3 ou 4 heures je ne peux pas forcement les avoir de manière consécutive, je vais donc faire des mini entrainements de 10 à 30 minutes maximum. Si je n’ai que dix minutes par jour dispos pour la semaine, je vais faire 6 entrainements soit basés sur un seul thème, soit des entrainements plus généraux.

Je vous donne deux exemples, le premier basé sur un seul thème : imaginons que je veuille travailler mon Siu Lim Tao, attention mon objectif n’est plus d’améliorer mes gestes dans la forme mais d’ancrer les idées de cette forme dans le corps. Je vais donc diviser le tout en 6 sessions.

Lundi : la ligne centrale

Mardi : la ligne centrale dans le mouvement

Mercredi : l’équilibre de la structure

Jeudi : Ligne centrale et structure dans le mouvement

Vendredi : Les coudes statiques

Samedi : la ligne centrale, la structure et les coudes statiques

Un exemple sur des thèmes plus généraux :

Lundi : souplesse du haut du corps

Mardi : souplesse du bas du corps

Mercredi : musculation du haut du corps

Jeudi : Musculation du bas du corps

Vendredi : corde à sauter (cardio)

Samedi : Shadow boxing

Alors oui, il est vrai que je pars avec un avantage sur bon nombre d’entre vous, c’est que j’ai un passé d’athlète de haut niveau et j’ai aussi eu la chance d’approfondir mon apprentissage de wing chun auprès de mes maîtres. Vous ne partez pas du même point et l’évolution de la société ne me permet pas (de même que les autres enseignants) de vous proposer des cours tous les jours, ou de vous ouvrir un lieu de pratique pendant plusieurs heures par jour (quand j’allais à Hong Kong, le cours ouvrait à 18h et pouvait se poursuivre jusque tard dans la nuit chaque jour de la semaine !).

Alors pendant ces quelques heures de cours de Wing Chun, je vais vous apprendre la technique, la philosophie, les concepts, les bases. Il m’est impossible de vous accompagner pour le cardio, la souplesse, etc… enfin je pourrais le faire bien sûr, mais alors l’enseignement du wing chun serait dilué encore plus et il faudrait plusieurs années rien que pour vous apprendre les bases du Siu Lim Tau ! Et je pense que j’ai beaucoup plus à vous apporter côté wing chun que côté muscu ou souplesse.

Alors si vous voulez progresser vraiment, il va falloir que dans votre routine d’entrainement en dehors des cours, vous pensiez à inclure le foncier. Cela veut dire un peu de musculation, un peu de souplesse, de l’endurance bien évidemment. Mais par-dessus tout cela, ce qu’il ne faudra négliger sous aucun prétexte, c’est l’entrainement fractionné.

Pour ceux qui ne connaissent pas, cela consiste à faire monter le rythme cardio pulmonaire très haut très vite pendant un temps limité, puis d’arrêter, et de reprendre pour un autre cycle. Cela peut se faire par des exercices de course à pied, par des systèmes type tabata, par des circuits de Hiit training, etc… Pourquoi j’insiste sur ce point ? Parce que dans un combat, qu’il soit voulu ou pas, tout va se jouer très vite. C’est intense. Si vous n’avez plus de jus au bout de 30 secondes, ça n’est pas la peine d’espérer une issue favorable si votre adversaire est plus résistant.

En cours c’est assez simple à voir : dans les exercices de frappes au Pao, comment vous sentez vous au bout d’une minute ? Dans un chi sao un peu intense, au bout de combien de temps perdez-vous votre souffle ? Ce sont des indices super importants pour vous. Si vous ne tenez pas cela dans un entrainement totalement sécurisé sans la moindre pression, n’imaginez pas survivre à un combat !

Voilà pourquoi je vous dis que je vais vous apprendre le wing chun et rien que le wing chun. Parce que le reste, je n’ai malheureusement pas le temps de vous le faire pratiquer !

Bon entrainement…

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